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ALLEMAGNE

 
Il n'existe pas en Allemagne de législation visant à protéger ou à promouvoir la langue nationale. Cette absence de législation linguistique s'explique par l'histoire et le refus de toute mesure pouvant rappeler la politique linguistique menée par la dictature national-socialiste.

 
Les informations ci-dessous retracent la position du gouvernement allemand en matière de politique linguistique telle qu'il l'a précisée devant le Parlement le 31 octobre 2001 lors d'une réponse aux questions écrites de l'opposition sur "La place, la diffusion et la défense de l'allemand en Allemagne et dans le monde".

 
L'allemand est la langue officielle de l'administration et de l'enseignement. Toutefois, le gouvernement de la République fédérale estime que des législations linguistiques réglementant l'utilisation de la langue nationale dans les différents domaines de la vie publique ne sont pas nécessaires. Plutôt que d'imposer une régulation à l'aide de dispositions juridiques, le gouvernement fédéral et ceux des laender se bornent à faire des recommandations aux administrations.

 Aucun dispositif institutionnel chargé de mettre en oeuvre une politique linguistique et de contrôler son application n'a donc été mis en place. Une réglementation de l'usage des anglicismes, par exemple dans les médias ou la publicité, n'a pas été envisagée.

 Le gouvernement fédéral considère que l'allemand n'a jamais été une langue "pure". La langue s'est, au contraire, au cours des siècles, constamment enrichie en empruntant de nombreux termes à d'autres langues, au latin et au grec à la Renaissance, au français au dix-huitième siècle, à l'anglais dans la seconde moitié du vingtième siècle. Des mesures visant à rétablir ou à maintenir la pureté de la langue lui semblent d'autant plus discutables qu'elles ne manqueraient pas de rappeler la période la plus sombre de l'histoire allemande. Le gouvernement de la République fédérale n'a, par ailleurs, publié aucun texte permettant d'assurer au consommateur allemand une information dans sa langue, qui aurait pu créer des contentieux avec la Commission européenne. Il considère en effet que la présentation d'un produit relève de la liberté d'entreprise et n'exige une information en allemand que lorsque la sécurité ou la santé du consommateur pourrait être en jeu, par exemple pour les notices d'utilisation de médicaments.

 S'agissant de la promotion de la langue allemande, le gouvernement fédéral admet qu'en Europe occidentale, le nombre d'élèves apprenant l'allemand a considérablement diminué : 91% des élèves étudient l'anglais, contre seulement 15% l'allemand et 34% le français. Cependant, il se refuse à s'appuyer sur le principe de réciprocité pour promouvoir l'allemand et soutient que, dans les pays démocratiques, seul le rayonnement culturel et économique d'un Etat a une incidence sur le choix de la langue apprise par les élèves.

 Dans les pays d'Europe centrale et orientale et dans les pays de la Communauté des Etats indépendants (C.E.I.), l'action du gouvernement fédéral n'est pas plus volontariste. Les traités bilatéraux signés avec la Hongrie, la Roumanie, la Russie ou la Pologne font état de mesures visant à promouvoir la culture et la langue des minorités allemandes restées dans ces pays après la seconde guerre mondiale, mais la mise en oeuvre n'en est jamais précisée. En fait, le gouvernement se borne à soutenir les actions de plusieurs institutions non gouvernementales visant à promouvoir l'allemand langue étrangère ou à permettre aux minorités germanophones de pratiquer à nouveau leur langue maternelle.

Enfin, dans le cadre des institutions européennes, le gouvernement fédéral regrette que l'allemand soit beaucoup moins utilisé comme langue de travail que l'anglais et le français, bien qu'il ait, comme ces deux langues, le statut de langue officielle et de travail. Afin de rétablir une parité avec ces deux langues, le gouvernement a mis en place un programme de cours destiné aux hauts fonctionnaires des pays candidats à l'entrée dans l'Union, dans l'espoir qu'une maîtrise de l'allemand à un haut niveau leur permettra de choisir indifféremment comme langue de travail l'anglais, l'allemand ou le français.

 
Commentaire

Depuis 1949, les différents gouvernements ont soigneusement évité toute mesure susceptible de rappeler la politique linguistique ou culturelle de la période national-socialiste, où l'exaltation de la langue et de la culture allemandes servait la propagande, où la défense des minorités germanophones d'Europe centrale et orientale préparait les conquêtes et où l'épuration de la langue allait de pair avec celle de la race.

 Ce malaise vis-à-vis de l'histoire explique la circonspection du gouvernement actuel et son refus d'intervenir pour défendre ou promouvoir la langue allemande alors même que les emprunts à l'anglais se multiplient et commencent à inquiéter une partie de l'opinion publique.

 On constate toutefois depuis quelques années, notamment dans les rangs de l'opposition, une relation plus sereine à la langue et à la culture allemandes et un intérêt grandissant pour les politiques culturelles et linguistiques volontaristes d'autres Etats européens comme la France ou la Pologne.   

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