Italie
Cadre juridique
Il n’existe pas, en Italie, de dispositions juridiques spécifiques en matière de langue nationale.
Régulièrement, des mouvements politiques se mobilisent pour la défense de la langue italienne et pour l’introduction d’une réglementation contre l’introduction des mots étrangers, revendiquant souvent le modèle législatif français.
En juin 2006, à la demande d’un groupe d’hommes politiques, d’intellectuels et d’artistes réunis au sein de l’association « La bella lingua », le président de la Chambre des députés a présenté une motion en faveur de la défense de la langue italienne afin d’introduire la notion d’italien langue officielle dans la Constitution. Proposition immédiatement rejetée à la fois par le groupe communiste qui a redouté l’introduction de la connaissance de la langue italienne comme critère de sélection pour l’obtention de la nationalité italienne, et par la Ligue du nord qui y a vu une attaque au fédéralisme et à la défense des dialectes régionaux.
Dispositif institutionnel chargé de concevoir, mettre en œuvre et contrôler ces législations linguistiques
Il n’existe pas de dispositif de cette nature en Italie.
Dispositions juridiques concernant l’intégration linguistique des migrants et dispositifs publics de formation linguistique proposés à ceux-ci
Elles sont retracées dans le décret présidentiel n° 394 du 31 août 1999 concernant l’immigration et le droit à l’instruction.
Pour les élèves étrangers, c’est l’établissement scolaire qui doit prévoir, pour chacun d’entre eux, en utilisant les ressources professionnelles de l’école et en s’appuyant sur les programmes nationaux :
- l’adaptation des programmes scolaires ;
- des interventions spécifiques, individualisées ou par groupes, pour l’apprentissage de la langue italienne qui doit être fait en liaison avec l’enseignement des langues communautaires ;
- la participation des enseignants au programme national de formation continue sur l’intégration des élèves étrangers.
Selon les statistiques officielles du ministère de l’Instruction publique, 360 000 élèves de nationalité étrangère ont été scolarisés au cours de l’année 2004/2005 (soit 4,2 % de la population scolaire) et 430 000 au cours de l’année 2005/2006. Près de 500 000 élèves sont scolarisés depuis septembre 2006, soit 5 % de la population scolaire. Toutefois, ces chiffres sont encore inférieurs à la moyenne européenne et on ne parle que de quelques cas isolés de ségrégation scolaire, notamment à Milan.
Ces chiffres mettent en relief une réalité nouvelle : la phase initiale d’accueil des élèves nouvellement arrivés est achevée, leur présence dans les classes n’est plus un phénomène de transition. Par ailleurs, la présence d’adultes étrangers dans les centres de formation permanente ne cesse d’augmenter, surtout dans le nord du pays. Pour leur formation linguistique, il est prévu que les établissements scolaires ou universitaires stipulent, directement avec les associations étrangères ou les représentations diplomatiques consulaires des pays d’origine ou encore les organisations de volontariat, des conventions pour l’alphabétisation au niveau primaire et au niveau secondaire et pour l’apprentissage de la langue italienne. La radiotélévision italienne RAI propose un cours de langue italienne à distance pour les émigrés sur internet « Io parlo italiano : corso d’italiano per immigrati » avec certifications finales d’italien langue étrangère délivrées par les universités pour étrangers de Sienne et de Perugia et la Società Dante Alighieri (http://www.educational.rai.it/ioparloitaliano/main.htm).
L’école italienne accueille des élèves de 191 nationalités étrangères différentes. L’essentiel de ces élèves sont albanais (16,3 %) et marocains (14 %), puis roumains, chinois, argentins, équatoriens et serbes. 90,6 % de ces élèves fréquentent les écoles d’État. 38,7 % du total sont en cycle élémentaire (primaire) et 22,7 % au collège. Le nord-est de l’Italie est l’aire géographique au plus fort pourcentage d’élèves de nationalité étrangère (7,4 %). La Lombardie est en tête pour les régions (24,6 %), Mantoue pour les provinces (11,9 %) et Milan pour les villes (12,7 %).
Aujourd’hui, 64 % des établissements scolaires italiens accueillent des élèves de nationalités étrangères. Le problème du retard scolaire se pose avec acuité. En classe de seconde, plus de 7 élèves sur 10 (75,5 %) ont au moins une année de retard selon le critère retenu d’âge.
Le ministère italien a mis au rang de ses priorités l’accueil et l’intégration de ces populations scolaires, définissant l’école italienne comme « l’école du monde » et créant un bureau spécifique autour du concept d’éducation interculturelle. C’est ainsi qu’ont notamment été institués des contrats triennaux permettant le financement de projets nationaux. L’un d’eux prévoit un soutien au travail des enseignants œuvrant pour l’accueil et l’intégration des élèves étrangers et/ou nomades. Un second est plus particulièrement consacré aux zones dites « à risque », lesquelles comprennent celles à forte immigration. Ces deux contrats collectifs nationaux sont financés à hauteur de 53 millions d’euros chacun. Par ailleurs, un projet pilote de la direction générale du personnel du ministère italien de l’Instruction publique, « Azione italiano L2 : lingua di contatto, lingua di cultura », prévoit un apprentissage en ligne pour la formation des professeurs de classes plurilingues.
Dans les établissements scolaires, il est fait appel, en cas de nécessité, à un médiateur culturel chargé de l’accueil des élèves et de leur famille, de la médiation avec les enseignants, d’interprétariat et de traduction pour la communication entre école et famille, de la valorisation de projets d’établissement sur les cultures et langues d’origine des élèves étrangers accueillis.
Le 5 septembre 2006, le ministre de l’Instruction publique, déclarant que l’intégration se jouait avant tout à l’école, a annoncé des mesures nouvelles : création d’un comité de réflexion pour s’occuper de ces populations d’élèves, enseignement des langues d’origine à l’école et réalisation d’un programme audiovisuel sur la RAI pour l’apprentissage de l’italien. L’objectif est d’éviter le phénomène des établissements et classes « ghettos », de soutenir financièrement les projets d’établissements et d’élargir le principe de scolarisation obligatoire à ces populations d’élèves.
Principales dispositions juridiques en vigueur concernant l’utilisation des langues régionales ou minoritaires
En application de l'article 6 de la Constitution selon lequel « la République défend par une réglementation appropriée les minorités linguistiques », l’État reconnaît officiellement l’existence de douze autres langues (loi n° 482 de 1999). Cette loi a été votée en accord avec les principes de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, dans une volonté de sauvegarder et, dans certains cas, de réhabiliter les minorités linguistiques et culturelles des régions frontalières de l’Italie : frioulan, ladin, allemand, slovène, croate, occitan, français, franco-provençal, grec, albanais, catalan, sarde, langues parlées par des minorités très restreintes. Cette loi de tutelle prévoit l’usage officiel de ces langues dans les bureaux publics, leur enseignement dans les écoles et la diffusion d’émissions à la radio et à la télévision nationale (RAI).
L’Italie n’est pas un pays homogène au plan linguistique. Selon des statistiques récentes, 44 % des Italiens parlent exclusivement italien, 51 % l’alternent avec un dialecte ou une autre langue, et 5 % parlent exclusivement le dialecte ou une autre langue.
La langue officielle est l’italien même si la Constitution, rédigée en italien, ne le mentionne pas explicitement. Seuls le code pénal et le Code civil prévoient l’utilisation exclusive de l’italien dans les procédures juridiques et la présence obligatoire d’un interprète pour toute autre langue utilisée.
Trois régions autonomes à statut spécial sont bi/plurilingues, pour des raisons géographiques, historiques et politiques : le Val-d’Aoste, où l’italien et le français sont les langues de l’administration et de l’enseignement, mais où l’on parle aussi franco-provençal et walser ; le Trentin – Haut Adige, à statut bilingue italien et allemand dans l’administration et l’enseignement, mais où l’on parle aussi ladin ; le Frioul – Vénétie-Julienne, à statut bilingue italien et slovène, mais où l’on parle aussi allemand et frioulan. Au Piémont, la région fait la promotion des langues piémontaise, occitane, franco-provençale et walser, en organisant, avec la collaboration des rectorats, des cours facultatifs de ces langues dans les écoles (art. 5 de la Loi 26/90).
Projets envisagés par les autorités dans le domaine de la politique linguistique
La nouvelle majorité gouvernementale prône une politique soucieuse du plurilinguisme, tranchant avec l’approche du gouvernement Berlusconi. Le projet de création d’un lycée spécifiquement linguistique est abandonné, alors que les filières expérimentales linguistiques, au sein des lycées classiques et scientifiques, perdurent (programme BROCCA). Les déclarations du ministre de l’Instruction publique, en faveur de la pluralité à l’école, n’ont pour l’instant eu pour seul effet que de suspendre l’article 25 d’un décret législatif de son prédécesseur qui ne prévoyait plus l’apprentissage obligatoire d’une seconde langue vivante au collège et au lycée.
Enseignement des langues étrangères au sein du système éducatif
Dans le primaire, la seule langue d’apprentissage obligatoire est l’anglais à compter de la première année (cours préparatoire). En réalité, plus d’une centaine d’enseignants de français exercent encore dans le primaire, selon les statistiques officielles du ministère italien. Au collège, l’anglais est LV1 obligatoire, de même qu’une LV2 (français, allemand ou espagnol). Au lycée, cette LV2 est obligatoire dans certaines filières.
(2009)